Un bout d'histoire
La Tarika Tidjania
Notre voyage dans l'histoire débute ici, à Fez, l'une des villes les plus anciennes du Maroc. Nichée au cœur du royaume, cette cité impériale est un trésor d'histoire et de spiritualité. À travers ses ruelles sinueuses et ses places animées, vous découvrirez des siècles de tradition, de culture et de foi.
Cheikh sidi Ahmed Tidjani
qu’ALLAH l’agrée
À ‘Aïn Madhi, un petit village du désert algérien proche de Laghouat, une modeste maison traditionnelle en terre abritait une jeune épouse qui venait d'accoucher d'un garçon courageusement nommé Ahmed. Né en 1150 de l'Hégire (1737/38), ce garçon devint Seïdina Ahmed Ibn Mohammed Ibn Mokhtar Tidjani (qu'Allah sanctifie son précieux secret).
Bien que situé dans un endroit isolé, ‘Aïn Madhi était déjà reconnu depuis plusieurs années pour la grandeur de ses savants et leur piété. L'illustre Cheikh ‘Abdallah ibn Mohammed El ‘Iyachi (m. en 1090) mentionna ce village dans son écrit "Rihlata", où il fit l'éloge de Sidi Ahmed, l'arrière-grand-père de Seïdina.
À l'âge de 21 ans, Seïdina Ahmed Tidjani quitta ‘Aïn Madhi pour se rendre à Fès, la cité de la science, où il rencontra des maîtres soufis. Malgré ses diplômes et ses rencontres avec des érudits éminents, sa quête spirituelle persistait. Il se distingua par son amour pour la science du Hadith et sa mémoire prodigieuse.
Affilié à différentes voies soufies, il enseigna à Tlemcen, gagnant le respect des savants locaux. Refusant les honneurs, il resta humble et dévoué à Allah. Des rêves et des rencontres confirmèrent son élévation spirituelle.
Seïdina fit le pèlerinage, visita La Mecque et reçut l'héritage spirituel du Cheikh Sidi Ahmed el Hindi, confirmant son rang élevé dans la voie spirituelle. Sa quête se poursuivit avec des rencontres et des transmissions spirituelles, propulsant son cheminement vers des hauteurs mystiques.
Après avoir accompli les préceptes du Hajj, Seïdina se rendit à Médine, rencontra des personnalités spirituelles et se vit proposer une retraite spirituelle. Il refusa pour des raisons particulières, mais fut confirmé comme le Pôle Suprême de l'époque.
De retour à Tlemcen, il transmit la voie spirituelle à d'autres, mais déclina les demandes de devenir leur Cheikh. Sa renommée attira l'attention des autorités locales, le poussant à se retirer dans le désert en 1196 H.
À l'âge de 46 ans, Seïdina Ahmed Tidjani eut sa Grande Ouverture, lors de laquelle le Prophète Mohammed le confirma comme son initiateur et Maître. Ainsi, Seïdina devint le dépositaire de la voie spirituelle du Prophète lui-même, appelée Tariqa Ahmediya, Mohammediya, Ibrahimiya, Hanifiya.
Il atteignit la station suprême de la Qoutbaniya el ‘Oudhma au mont ‘Arafat en 1214H. Sidi Hajj ‘Ali Harazim témoigna de son élévation, marquée par la descente d'une lumière verte.
Seïdina Ahmed Tidjani est décédé en 1230 H à l'âge de 80 ans. Sa mort fut largement ressentie, même parmi les Djinn croyants. Il fut enterré près de la Zaouiya dans un jardin qu'il aimait tant.
Son rôle de Pôle caché sera révélé au Jour du Jugement Dernier, dévoilant son importance dans l'irrigation spirituelle de tous les saints depuis le début de la création.
ZAOUYA TIJANIA
La Tijaniyya est une confrérie soufie fondée par Ahmed Tijani en 1782 dans une oasis algérienne. La doctrine de cette voie est basée sur le Coran et la Sunna de Mahomet. En arabe, elle est appelée Tarîqah Tijâniyya, "la Voie Tijanite".
Les disciples considèrent le cheikh fondateur comme le seul vrai maître. Cependant, dans chaque pays, il existe un guide local considéré comme le calife ou le représentant de la tariqa (la voie tijanite). La Tijaniya est la confrérie musulmane la plus répandue en Afrique.
La Tijaniya a pris naissance vers 1781 lorsque Ahmed Tijani, âgé de 46 ans, lors d'une retraite spirituelle à Boussemghoun (Algérie), eut une vision de Mahomet à l'état de veille. Mahomet lui ordonna d'abandonner toutes ses affiliations précédentes et de devenir son intercesseur privilégié, ainsi que celui de ses disciples, auprès de Dieu. Son ordre s'est rapidement étendu dans la région, suscitant l'inquiétude des autorités du diwan dans le Royaume d'Alger. Il prépara donc son exil vers le Royaume du Maroc suite aux préoccupations du dey d'Alger.
La Tariqa Tidjaniya
La Tariqa Tijania, fondée par Sidi Ahmed Tijani au XVIIIe siècle, s'est élevée comme un phare spirituel, éclairant le chemin des chercheurs de vérité. Enracinée dans la tradition soufie, cette voie mystique offre un parcours empreint d'amour divin, de méditation profonde et de quête intérieure.
Sous la guidance éclairée de Sidi Ahmed Tijani, la Tijania a prospéré, devenant une source d'inspiration pour de nombreux adeptes cherchant la proximité avec le divin. L'enseignement de la Tariqa Tijania embrasse la modération et célèbre la diversité religieuse, ouvrant les portes de la compréhension mutuelle.
La récitation assidue de l'évocation divine (dhikr) est au cœur de la pratique spirituelle Tijanie, offrant une voie pour transcender les limites matérielles et accéder à l'illumination intérieure. Les disciples dévoués, guidés par les enseignements de la Tijania, trouvent dans cette voie un moyen de se connecter profondément avec la spiritualité et de cheminer vers la réalisation de soi.
Aujourd'hui, le rayonnement de la Tijania persiste, son héritage spirituel étant perpétué par les fidèles. Le tombeau de Sidi Ahmed Tijani, à Fès, demeure un lieu sacré, un point de convergence où les adeptes se recueillent, perpétuant ainsi la flamme spirituelle allumée par ce maître soufi vénéré.
Dar El Mraya
Dar El Mraya, la demeure où Sidi Ahmed Tijani a grandi, revêt une importance singulière dans l'héritage de ce maître soufi. Nichée dans les ruelles d'Aïn Madhi en Algérie, cette humble maison a été le berceau des premières étapes de la vie de celui qui allait devenir le fondateur éminent de la confrérie Tijaniyya.
Chaque coin de Dar El Mraya résonne des échos du passé, des murmures des leçons spirituelles dispensées par Sidi Ahmed Tijani aux soupirs des pratiques mystiques qui ont animé cet espace. La simplicité de cette demeure contraste avec la richesse intérieure des enseignements qui en ont émané.
Les murs de Dar El Mraya ont été témoins de la croissance spirituelle du jeune Tijani, imprégnant chaque pierre des aspirations profondes qui allaient guider sa vie. C'est dans ces murs modestes que les graines de la Tijaniyya ont été semées, prenant racine dans la terre même où le jeune Sidi Ahmed a absorbé les leçons de piété, d'amour et de méditation.
Aujourd'hui, Dar El Mraya demeure un lieu de mémoire et de réflexion, un sanctuaire où les visiteurs peuvent ressentir l'énergie spirituelle de cet endroit empreint de signification. Chaque recoin raconte l'histoire d'un homme qui, dans la simplicité de sa jeunesse, a jeté les fondements d'une confrérie dont l'influence perdure à travers les générations.